Christine Vernay, Reine du Guide Bettane&Desseauve

La sortie du Guide Bettane&Desseauve couronne fort justement la reine Christine Vernay, à la fois femme et homme de l'année. Ce jeu de Rhône surpasse le sexe des anges : à Condrieu, le caveau des Vernay, posé au coeur du village vous entraîne dans un voyage émotionnel.

On y goûte avec délice la fin d'un jour silencieux en écoutant le père de Christine Vernay, surnommé à juste titre "Le Pape de Condrieu". En 1952, lorsqu'il s'installe, il est le seul sur la commune à cultiver sa vigne, car les fruits et légumes rapportent beaucoup plus. Quelques mois plus tard, il reçoit la visite de Fernand Point, le triple étoilé de la Pyramide à Vienne qui veut lui acheter toute sa récolte. Le jeune vigneron lui signifie que tout est déjà vendu; Fernand, surpris, s'informe, négocie et il obtient la moitié de sa demande. C'est le début d'une connivence entre la Pyramide et le seul domaine de l'A.O.C . On disait d'ailleurs à l'époque, "Le Condrieu, c'est Vernay, et Vernay c'est le Condrieu".

Dans les années 1980, une nouvelle génération revient dans le vignoble et Georges Vernay se sent moins isolé. Sa fille Christine, oenologue de formation quitte son poste de professeur à Sciences Po pour reprendre les rênes du domaine au milieu des années 1990, calquant ses pas sur ceux de son père :

"Je n'ai rien innové, j'ai suivi ce que faisait mon père, car c'est ce que j'aime"

explique-t-elle, en fixant de son regard profond la robe dorée des "Coteaux de Vernon" 2009 aux accents anisés, avec une bouche fraîche, réglissée, et une onctuosité soutenue par une belle tension.

Aujourdh'ui Chrsitine existe pleinement par elle même tout en continuant de partager des choses avec son père : "Entre nous on va au delà des mots et il reste très disponible avec moi". Georges Vernay remonte alors de la cave un Condrieu 1985 : "Cest un vin de paysan qui n'a pas connu l'oenologie" lance t'il en riant.

Ce vin offre un nez de truffe, la bouche soyeuse et minérale se tient parfaitement. Chacun fantasme sur la poularde en vessie de la pyarmide, elle accompagne merveilleusement un tel cru. Pour épauler ce plat d'anthologie de Patrick Henriroux, Christine aime également une Côte-Rôtie Maison Rouge 2005 aux flaveurs de pruneau, violette et épices, la bouche soyeuse déploie des tanins bien enrobés. Bercés par l'équilibre de tels crus, Christine et Georges Vernay développent à chaque gorgée des racines affectives.

Comments

[yung]

Vos jeux de mots m'étonneront toujours monsieur Hervier. Votre site est joli mais votre esprit qui le nourrit est subtilement délicieux. Enfin, un homme -que dis-je !- un artiste (puisque vous êtes un, c'est indiscutable) qui écrit "Ce jeu de Rhône surpasse le sexe des anges" mérite bien un salut amical.
Eric Y